En Moselle, de 200
000 à 400 000 personnes communiquent en utilisant des parlers germaniques
qui ne sont pas de l'allemand, et qui sont regroupés sous le terme
de platt.
Longtemps, le platt resta considéré (souvent même
par ses propres locuteurs) comme un patois allemand, voire comme de l'allemand
introduit en Moselle lors de l'occupation prussienne de 1871-1918 et abâtardi
par les indigènes qui auraient été initialement francophones.
Aujourd'hui, les Mosellans germanophones apprennent petit à petit à
être fiers de leur langue, le Platt lorrain, rebaptisé francique
par les linguistes ; ils savent qu'il s'agit d'un parler germanique différent
du hochdeutsch,
mais nullement inférieur
à lui ; ils savent que ses trois variantes (le luxembourgeois, le mosellan
et le rhénan) sont comprises au-delà de la frontière
française par les Luxembourgeois, les Belges des alentours d'Arlon
et de St-Vith, les Sarrois et les Allemands de Rhénanie-Palatinat ;
certains savent enfin que son implantation en Moselle remonte au moins à
l'arrivée des Francs au Ve siècle, ou
peut-être que le francique y était déjà langue
autochtone dès avant la période gallo-romaine.
Mais le platt reste une langue méprisée par l'Education nationale
qui l'a longtemps interdite. Combattue par les Hussards noirs de la République,
elle apparaît enfin petit à petit dans les écoles de Moselle.
Mais si rien n'est entrepris pour son apprentissage, ce patrimoine vivant
vieux de 2000 ans disparaîtra dans une à deux générations.
Wéi
laang nach ?.. ("combien
de temps encore ?..") peut-on se demander avec l'association francique
qui a pris cette interrogation comme dénomination...
LE PLATT