La frontière des langues ne se traduit pas seulement sur le plan linguistique, mais également au niveau agricole et démographique.
Le paysage rural
est en effet marqué par deux types d'agriculture, avec une plus forte
résistance au remembrement et une mécanisation plus importante
du côté germanophone.
En Lorraine thioise, les exploitations sont ainsi plus petites, de 16 ha en moyenne (contre 36 ha en Lorraine francophone), la densité d'exploitants y est plus importante, et il y a plus d'exploitations directes (très petits propriétaires). Dans le Warndt (autour de Forbach) et le Bitcherland, le taux d'ouvriers-paysans est supérieur à 40%, alors qu'il est compris entre 25 et 30% en Moselle francophone.
La frontière linguistique sépare par ailleurs une zone romane où le nombre des naissances est volontairement limité, et une zone francique où la fécondité est élevée, au moins durant la période étudiée, de 1815 à 1914. (Pierre BRASME, Thèse, Université de Metz).
La frontière des langues recouvre donc une limite culturelle, exprimée au niveau linguistique mais aussi agricole et social.
Notons par ailleurs qu'au niveau architectural, l'habitat est identique en Alsace bossue, Sarre, Luxembourg, Pays gaumais (Lorraine belge), Perthois et Bassigny.