La LXX emploie le verbe khríein, « oindre », et l'adjectif khristós, «propre à l'onction » ou « oint », dans les versets où il est question de l'onction du Roi (Jg 9, 8 et al.), ou du prêtre (Lv 4, 5), ou du futur roi eschatologique (Psaumes 44, 7 ; Dn 9, 24).

C'est donc ce mot grec que les écrits du Nouveau Testament ont retenu pour affirmer que Jésus est l'« oint » du Seigneur. On ne trouve que deux fois dans le NT, en Jn 1, 41 et 4, 25 (dans la bouche de Jean-Baptiste et dans celle de la Samaritaine), une translittération du mot hébreu-araméen (mashiah, meshiha) sous la forme grecque, déclinable, messías : ce mot nouveau ne s'est pas acclimaté dans le vocabulaire des hellénophones.

Lorsque le mot khristós fut adopté par les chrétiens pour Jésus, les réviseurs ou nouveaux traducteurs juifs de la LXX préférèrent tout naturellement éviter ce vocabulaire : Aquila choisit le verbe de même sens, aleíphein, et le participe eleimménos (c'est peut-être pour la même raison que l'adjectif khrestós, utilisé par les LXX au même titre que agathós pour traduire l'hébreu tob, «bon», a été à peu près totalement éliminé par les traducteurs juifs).

Gilles DORIVAL, Marguerite HARL, Olivier MUNNICH. La Bible grecque des Septante.
Éditions du Cerf / Éditions du C.N.R.S., 1994.

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